Les résident·es
Les escales
Qui sommes-nous
Contextes Les résident·es Les escales Qui sommes-nous

Gregory Buchert

France

Résidence sémaphore #12
Résidence de repli, en lien avec le contexte du sémaphore du Créac’h à Ouessant.

Août 2013
Ouessant

À mon arrivée au Sémaphore du Créac’h, j’étais empêtré depuis plus d’un an dans le montage d’un film documentaire censé traiter des résurgences du labyrinthe dans le monde contemporain. Bien qu’inachevé, le projet était d’ores et déjà programmé au sein d’une exposition collective en « Résonance » de la Biennale de Lyon. Mais à seulement un mois du vernissage, aucune des images tournées ne trouvait sa place dans le montage et c’est avec ce caillou dans ma chaussure que j’ai pris mes quartiers sur l’île d’Ouessant. J’avais donc un mois pour sauver les meubles. Dans mes bagages, un disque dur gavé de rushs inextricables, mon ordinateur et quelques livres de poche parmi lesquels Thésée, ultime récit d’André Gide. Sous l’influence bénéfique du sémaphore, rendu lucide par les lumières du phare, j’ai enfin abandonné ce projet fuyant pour me tourner vers l’essentiel : le labyrinthe comme vertige.

La solution à mes problèmes était là, cachée sur l’île, au sein de cette étrange équation : cinq sentiers ouessantins, un pull bleu et un bâton jaune. J’ai donc réalisé Geranos, vidéo-performance dont voici le texte d’exposition : Sortis du Labyrinthe, Thésée et ses compagnons entamèrent une danse de célébration pour fêter leur victoire sur le Minotaure. Cette ronde frénétique nommée « Geranos » reproduisait le trajet sinueux de l’ouvrage dédaléen, les circonvolutions qu’il a fallu faire pour atteindre le monstre. C’est une chorégraphie sur un pied, plongeant Thésée dans une situation d’étourdissement se mêlant à l’ivresse de l’alcool. Ma performance consistait à produire une version personnelle de cette danse antique, en désorientant le labyrinthe de mon oreille interne. Si par un simple effet de montage, la manière exacte dont je m’inflige cette série de vertiges reste hors champ, un étrange bâton jaune subsiste à l’écran, signe perdu dans l’espace et seul indice de mon protocole performatif. En déséquilibre permanent, j’entame une marche à la chorégraphie aléatoire. Dissocié du pèlerin, le bâton devient un obstacle en forme de sculpture minimale, homme et objet composent un curieux binôme où chacun joue sa partition.

Geranos

2013 / HD / Vidéo-performance / Projection installée /10 minutes / Couleur & son
Production : Finis Terrae