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Princia Itoua

France, 1989

Résidence Sémaphore

février 2023
Ouessant

INDIGO

L’horizon…
La traversée de la mer d’Iroise à bord d’Enez Eussa [1] est unique, dangereuse et cinématographique. Les embruns martelant les vitres créaient un incertain. Et la visibilité nulle du lointain avait un côté mystique. Le bateau laissait dans son sillage des vagues qui ondulaient sur l’horizon proche. La mer était et est redoutable. D’ailleurs « Nul n’a passé Fromveur sans connaître la peur » et « Qui voit Molène voit sa peine et qui voit Ouessant voit son sang »[2] , illustre les dangers de la mer. Elle est et reste malgré sa poésie un espace politique où s’incarnent les enjeux actuels et ceux de demain. Nous sommes comme sur un radeau. C’est étrange d’ailleurs, car ce mot m’a traversé durant toute la préparation de ma résidence. C’est un terme que j’ai écrit partout. Il y a forcément des analogies avec cette traversée. J’étais venu en tant que Paysitant[3] , cabanant[4] et radicant explorer les variations du bleu en mer du point de vue des déplacés[5] .
Quand j’ai jeté l’ancre à Ouessant le 1er février, je me suis senti infime — un peu comme ces Allemands qui ont voulu rouler l’aigle de la pointe du Pern vers le Lampaul[6] , — impuissant. Petit, face à une nature sauvage et omniprésente. L’île demeurait figée en une époque révolue, dont la description m’échappe faute de connaissances suffisantes. L’île s’épanouit sous l’égide de la nature maîtresse, offrant un voyage à travers l’espace et le temps qui peut égarer les sens. Ici il n’y a (presque) pas d’arbres, m’emplissant de tristesse. Cette non-présence était marquée par des vents faisant vaciller nos corps nus. Perdu au cœur de l’île, loin des rivages marins, l’impression d’errance m’envahit, mais un écho persistant me rappelle à chaque instant la proximité de l’océan. J’étais venu admirer l’horizon.
Je suis à 48°27’35’’ N 5°7’51’’ O Altitude 20 m. Entre la pointe du Creac’h et le phare du Creac’h. À mon arrivée, avide de contempler la splendeur qui s’était déjà offerte à moi lors de la traversée, ramenant à ma mémoire les doux souvenirs d’une enfance heureuse bercée par l’appel du large, je me suis rendu pour la première fois dans la salle de veille, tel un gardien en quête de secrets océaniques. L’immensité qui se déploya devant moi emplit mon corps, mais le submergea aussitôt, incapable de contenir une telle déferlante de grandeur. Les vagues, tourbillonnantes et puissantes, ne firent que renforcer cette impression d’humilité face à la majesté de l’océan.
La nuit, la silhouette du sémaphore qui s’avance dans le bleu noir donne des frissons. On se sent rapidement seul. Face à un horizon sans fin, les vagues martelant les rochers créent une symphonie océanique impérieuse, constante et inquiétante, qui enveloppe l’esprit d’un sentiment à la fois apaisant et vibrant d’énergie brute. Leur son perpétuel nous replonge dans le souvenir de la traversée. Telle une caisse de résonnance, un moteur qui vient au plus profond de la terre. Chaque jour donc j’ai traversé la mer.

Nous sommes à 18 751 km d’Auckland



Justement, cette ligne, où au loin, les navires passent sur un horizon identifiable, mais mystérieux. Depuis la salle de veille, je m’étais étalé sur la table en disposant mes affaires tels les gris-gris d’un sorcier ou encore des vivres échoués. J’avais fabriqué des bateaux en papier pour symboliser les ports qui avaient eu une importance durant les expéditions de la traite négrière. J’avais disposé des cairns faits de galets récupérés sur l’île. En les observant, je retrouvais, les balises de la mer d’Iroise qui ont permis à notre bateau d’arriver à Ouessant. Il me renvoyait aussi aux exils infructueux des voyageurs qui luttaient dans le vaste bleu. Et pour finir, ces cairns étaient comme une mémoire, une mémoire du grand trafic qui a eu lieu dans cette partie du monde.
Je me souviens de ma première fois au sémaphore, un endroit mystique perché sur la falaise, semblant avoir été sculpté par les vagues furieuses de l’océan. C’était comme si le bâtiment imposant était habité par les esprits de la mer, leur présence palpable dans les sons étranges qui résonnaient dans les couloirs sombres. J’avais l’impression d’être transporté dans un monde fantastique, où les légendes celtiques se mêlaient aux histoires de naufrages et de phares hantés. Et pourtant, malgré cette aura mystérieuse, le sémaphore était avant tout un lieu de sécurité, un havre de paix pour les marins perdus dans les tempêtes déchaînées de l’Atlantique.
C’est ici que j’ai passé de nombreuses journées et nuits à observer le ciel, mais aussi l’Atlantique, les mers. Car, à cet endroit d’Ouessant se chevauche l’océan Atlantique, la mer d’Iroise et la mer Celtique. Avec mes jumelles, je scrutais l’horizon à mon poste pour trouver un navire. Je me considérais comme le énième gardien, assurant ainsi les fonctions de surveiller, rapporter, prévenir et archiver.

Nous sommes à 1366 km de Gibraltar



Tel un « Paysitant » j’étais venu pour rencontrer le paysage, écrire sur lui, écrire sur « Kareem ». Vivre à Ouessant c’est vivre avec les éléments. Le vent, le matin, le midi et le soir quand on sort. La houle quand on se rapproche de la mer tout autour du sémaphore. Le chant mystérieux dans l’air la nuit. Les embruns tout le long de la grève et le matin quand on observe par la fenêtre. Le soleil, la mer et les indices de marées sont aussi des éléments à prendre en compte dans la vie quotidienne. Avec les outils modernes on vérifie, revérifie la vitesse du vent, on observe les vagues, on tâte le sol pour estimer l’adhérence.
Ouessant, telle une sentinelle des cieux, se dresse fièrement au milieu des vents tumultueux et des éléments déchaînés, offrant aux âmes aventurières l’expérience unique de marcher quotidiennement contre le vent. Durant tout mon séjour, j’ai ressenti l’appel puissant des vagues, le frisson de la tempête qui se lève. Et quelle texture étrange, que ces roches rasoirs au toucher, revêtues de fourrure et coiffées de brume, ainsi que ces blockhaus qui surgissent de manière incongrue au fil de mon exploration de l’île, témoignant du passé tumultueux de ce lieu ensorcelant. Oui un passé tumultueux, froid et enseveli.
Le sentiment d’éphémérité est omniprésent sur cette île ensorcelante, où la mer rugissante et les courants capricieux du Fromveur et du Fromrust sont autant de mises en garde contre les dangers de l’océan. Les cartes de l’île, présentes dans la plupart des maisons ouessantines, rappellent inlassablement la précarité de l’existence humaine face à la toute-puissance des éléments. Les bateaux échoués dans les terrains témoignent quant à eux de l’impérieuse nécessité de prendre le large, aussi bien que des risques et des sacrifices que cela implique. Comment ne
pas penser à ces courageuses personnes qui partent en quête d’un renouveau en bravant les mers ? Comment ne pas se recroqueviller à la pensée des futurs esclaves, qui arrachés de leur foyer n’ont que quelques centimètres de liberté dans les cales durant un voyage qui peut durer plus d’un mois ? Comment ne pas ?
Marcel [7] me disait dans nos échanges « […] près du sémaphore la mer peut être apparemment calme et il peut y avoir une grande vague plus forte — surprise — qui vient du large. Il y a des accidents quand la houle est forte il ne faut pas trop s’approcher de l’eau. » Et justement, je lisais que les vagues frappaient 6 fois et une 7e fois plus forte. Et leur écho sur la roche de granit était tels des grondements de tonnerre venant des profondeurs, traversant nos corps de la tête aux pieds.
Mais dès mon arrivée les signes se sont alignés. Vénus et Jupiter étaient là tels des guides. J’avais posé mes affaires afin d’explorer l’éternel sujet de l’exil à travers la mer, cette étendue et masse d’eau, à la fois désirable et dangereuse. Mon séjour dans cette île sauvage — sauvage, car elle était gardée jalousement par les éléments naturels — avait pour objectif de me confronter à la question des déplacés, que je méditais depuis ma tour de guet.
Kareem, Bahri de son nom, et moi ne nous connaissions pas. J’ai commencé à lui parler grâce à un appel à participation publié en ligne. Il me confia sa quête de sens, cherchant à insuffler un nouvel horizon à son existence. N’ayant jamais travaillé dans une association d’aides aux personnes qui tentent le voyage clandestinement en Europe, j’ai voulu être une oreille attentive à Kareem. Au bout de 2 semaines, nos échanges par courrier électronique s’intensifièrent, rythmés par le décalage horaire. La nuit était le domaine de Kareem, tandis que mes pas se hâtaient dès les premières lueurs du matin.
Dans son pays, Kareem avait en tête de publier des histoires sur la politique, la liberté d’expression et la corruption, mais les menaces envers sa famille l’ont vite intimé de rester à carreau. Il voulait donc retrouver cette liberté de parler librement, pour lui et sa famille. Kareem n’était pas toujours bavard, et au vu de la situation je comprends. Même s’il voulait sauver sa famille, celle-ci l’avait brisé… Il y avait dans cette quête un aspect thérapeutique et échappatoire. Nos échanges étaient souvent brefs. Nos échanges se limitaient à des pavés de mon côté et à de brefs mots de son côté : « Ok », « Pas de soucis », « À bientôt, frère ».
Nos échanges, courts et contrastés, témoignaient de la fragilité de nos mots, confrontés à l’immensité des défis qui se dressaient devant nous, devant lui. Ses récits, quand il était décidé à partager, étaient des coups de lames dans le cœur. Il avait traversé le Sahara pour fuir chez lui, s’était retrouvé en Libye puis capturé par les nouveaux négriers[8] . Avant de fuir de nouveau en retraversant le Sahara vers le Niger, puis au Sénégal où il a vécu pendant 1 an. Et pendant 5 mois il était devenu pécheur. Là-bas, les pécheurs devaient partir 2 jours c’est-à-dire une nuit en mer, prendre des risques pour avoir la même pêche qu’il y a quelques années. Il me disait voir des bateaux-usines en mer. « Le paradoxe est que l’Europe prenait des ressources chez eux, mais n’acceptaient pas qu’eux prennent les maigres ressources en Europe. Certains deviennent pirates !! Ils ont raison !!! Ou sont obligés de se déplacer en prenant les risques de la migration », me dit-il un soir par sms. Lui avait donc fait le choix de la migration.


À Ouessant, j’attendais Kareem, l’ami en quête d’Europe, prêt à braver les vagues de l’Atlantique, porté par l’espoir des passeurs. Il y avait des jours où je n’avais pas de nouvelles. Un jour je recevais une position GPS, et puis un autre jour un sms avec un nom de port ou de ville au large de l’Espagne. Et puis ça s’est dégradé… Les mots se réduisaient à l’essentiel, traduisant l’urgence de chaque message échangé. Dans cet écho silencieux se dessine le portrait poignant d’un jeune homme prêt à défier l’océan, portant en lui les espoirs et les rêves de tous ceux qui cherchent une vie meilleure au-delà des frontières… je n’ai plus de nouvelles depuis mon arrivée à Ouessant. À l’horizon, des bateaux évoquent toutes ses âmes suspendues, perdues en mer. Certains ne revoient jamais leur patrie ou leur famille… là sur le rail de Bilbao-Roscoff, ce passage entre la France et l’Angleterre, un des passages maritimes les plus denses. Ici, la mer regorge d’épaves, tandis que moi, je lance des bouteilles à la mer.[9]

Nous sommes à 1047 km de Valence



Tout ce qui me sépare de la mer est un front de fenêtres vitrées. Chaque matin, je scrutais l’horizon à la recherche de cet écueil [10] , petit repère perdu dans l’étendue liquide, pour mesurer l’amplitude des flots et la puissance des vagues qui se fracassaient sur ce rocher trempé. Je l’avais repéré au 3e jour et depuis c’était mon repère. Debout sur ma tour, une échelle nouvelle s’offrait à ma vision, m’invitant à une réflexion profonde sur le destin des êtres humains déplacés par les forces implacables de la nature.

Nous sommes à 15 393 km du pôle sud



Les oiseaux effleurent le bleu intense des vagues, à une distance inférieure à un kilomètre devant mes yeux. Un bâtiment voilé, dissimulé derrière le sémaphore, tel un pulsar irradiant, diffuse des éclats lumineux, guide des marins et des voyageurs à travers les ténèbres. Telle une étoile à neutrons fruit de l’effondrement de son étoile originelle, le phare émet une radiation redoutable. Dans ce lieu sur terre, on peut aisément faire des analogies avec l’astronomie.
À l’extérieur du sémaphore, le ciel nocturne est noir et nous offre la contemplation des étoiles, des constellations. C’est à cet endroit précis que j’ai entrepris mon enquête, cherchant à capter les nuances de bleu que peuvent expérimenter les déplacés lors de leur périple en mer. Du bleu du ciel à celui de la mer, en passant par le bleu laiteux et le bleu voilé de la nuit. La nuit, la vue se réduit à néant, les rochers immenses épousent un bleu gris, mais les bruits incessants des vagues frappant les rochers sont omniprésents. La première nuit, je me suis demandé si je pourrai fermer les yeux, tant une peur ancestrale m’a envahi. Le sémaphore est une véritable machine sonore, capable de capter et de diffuser les sons. Le vent y souffle si fort que l’on pourrait croire à des appels choraux. En haut, sur la terrasse, je me suis toujours cramponné aux parois, de peur d’être emporté comme un simple papier froissé sur les récifs.

Nous sommes à 9445 km de Cape Town



À ce stade ma réflexion portait sur la perception du temps sur un radeau, un paquebot ou un bateau pneumatique. Le bleu est-il envahissant, libérateur ou vivifiant ?

Les navires marchands qui sillonnaient les eaux devant moi me rappelaient sans cesse les cargos qui participaient autrefois au commerce triangulaire, une période sombre de l’histoire contemporaine. Cette période de l’histoire m’évoquait inlassablement la négation de l’être et de l’autre, une réalité difficile à appréhender en tant qu’immigré noir et africain. Malgré la beauté de ce paysage, ce sentiment a persisté jusqu’à la fin de mon séjour, me rappelant le déracinement et l’isolement que l’on peut vivre en tant qu’étranger. Être à Ouessant, c’est être à 20 kilomètres seulement de la pointe de la Bretagne, mais à plus de 9 heures de trajet de Metz [11] . On a l’impression d’être à la fois nulle part et partout. Cette distance étonnamment courte avec le continent crée une sensation de proximité, tout en nous maintenant dans un isolement apparent. Tout est plus lent, plus réfléchi, on est sur d’autres temporalités, un peu comme si le temps avait été suspendu.
Lors de mon arrivée sur l’île, j’ai entrepris la création d’un cairn, cette structure de pierres qui m’a permis de m’ancrer dans le temps et l’espace. Grâce à lui, je pouvais me repérer et retrouver mes origines ; mes dessins ; mes inspirations. En tant qu’immigré et artiste, je suis constamment en proie à la question du déracinement, mais le cairn m’a offert un point fixe, une boussole pour naviguer sur cette île au large de l’Atlantique. J’avais d’ailleurs dessiné une boussole au 15e jour, car j’avais cette sensation que l’île se déplaçait et je ressentais le besoin de savoir où j’allais. Un peu comme ces nombreuses girouettes suspendues sur les toits ou le long des cheminées.
Mais il y avait aussi ces bateaux en origamis, fragiles, mais résistants, évoquant les voyages et les odyssées sur lesquels je souhaitais travailler. Ils ne sont pas anodins, ces bateaux. Dans cette région où plusieurs ports tels que Lorient, Brest… témoignent de cette histoire maritime, les origamis m’ont rappelé la fragilité et la persévérance des hommes, femmes et enfants qui ont entrepris ces voyages incertains sur des navires souvent rudimentaires.
Les cairns, quant à eux, évoquent également les balises et repères que l’on peut trouver dans la mer d’Iroise, mais ici sur l’île d’Ouessant, ils ont peut-être une signification plus profonde. Avec la technologie endormie des cloches sous-marines et des cornes de brume, ils semblent garder la mémoire des épreuves que peuvent rencontrer les navigateur.ices, les déplacés, dans leur quête de terre et de paix. Comme un gardien de phare sur son île, ils veillent et guident les âmes en détresse vers un nouveau port, un autre départ.
En contemplant l’océan chaque jour, je ne pouvais m’empêcher de penser à ces Africain.e.s qui cherchent à revivre l’exil (de manière inconsciente) de leurs ancêtres en embarquant dans de petits bateaux de fortune.
Tous les soirs, au soleil couchant, je prenais mon quart dans la salle de veille, tel un gardien de phare. La solitude de ce poste avancé, où l’on doit être attentif à tout moment aux signaux du large, m’a rappelé l’expérience des déplacés qui traversent l’océan dans des conditions précaires, seuls face aux éléments et à leurs propres pensées.

Nous sommes à 9052 km de Vladivostok



Au cours de mon séjour, j’ai vécu des moments inoubliables, notamment en observant le phénomène rare et puissant du rayon vert, qui s’est produit deux fois : une fois au phare de Nividic — la villa des tempêtes — et une autre fois au sémaphore. Ce phénomène nous transporte dans un univers fantastique et m’a laissé une forte impression. Il y a des moments de contemplation lorsqu’on séjourne à Ouessant. Il y a même un ésotérisme palpable. À travers les rochers, les menhirs, les vestiges de moulins à blé. Lorsque mon pied touchait un galet, je me confrontais à des vagues de voix. Des chants de marins oubliés mais déambulant toujours dans le paysage ouessantin. Comme un chant de l’autrefois…
J’ai également eu la chance d’admirer un magnifique arc-en-ciel qui se dessinait à l’horizon avant de plonger dans les eaux bleues de l’océan. Avant de partir, j’ai déposé plusieurs galets, trouvés sur : les grèves, des bâtiments à Ouessant, au sémaphore. Désormais selon le pense [12] , les lois, traditions bretonnes et ouessantines, ces bâtiments m’appartiennent, en attendant d’accueillir Kareem.
L’île d’Ouessant est une finis terrae. Mais aussi là où tout commence. C’est un départ, mais aussi une arrivée. Un slogan dit d’ailleurs « tout commence en Finistère », mais je dirais « tout commence à Ouessant ». Le fantasme de découvrir une nouvelle terre appelle à de nombreuses réflexions. Et c’est naturellement qu’elles sont venues à moi.
On se demande comment on vit encore sur le continent une fois qu’on part d’Ouessant, mais aussi comment on vit sur une île avec si peu. Car la société nous a habitués à toujours plus. Et c’est ce PLUS que certaines personnes, dont Kareem, la peur et la faim au ventre, risquant leur vie dans l’immensité bleutée, viennent chercher en Europe.

[1] Bateau de la compagnie Penn Ar Bed, mais aussi la désignation « île d’Ouessant ».
[2] Qui voit Molène voit sa peine. Qui voit Ouessant voit son sang. Qui voit Sein voit sa fin.
Qui voit Groix voit sa croix.
[3]Concept du « Paysitant », concentrant les préoccupations actuelles sur les interactions entre le paysage et les habitants, la
manière dont les uns transforment l’autre, et
vice versa.
[4] Mot-valise né et faisant partie du concept du Paysitant https://www.ateliersmedicis.fr/sites/atelier-medicis.fr/files/Princia- Itoua-Ihler-Meyer.pdf
[5] Le choix du terme « déplacés » dans ce contexte fait référence aux individus communément désignés sous le terme de « migrants » dans le discours politique français. En effet, l’utilisation du terme « déplacés » est moins connotée négativement et permet de mettre en lumière la réalité première de ces personnes qui est leur déplacement.
[6] Lampaul signifie « le sanctuaire de Pol ».
[7]Marcel Dinahet est un artiste plasticien. Il est le premier résident de Finis terrae et le président de l’Association. Son travail est ici https://finis-terrae.fr/residents/marcel-dinahet ou ici http://www.marceldinahet.co.uk
[8] Les nouveaux négriers sont une référence directe aux vendeurs d’esclaves en Lybie. Là-bas dans tout le pays sévit l’esclavage des populations de l’Afrique subsaharienne. Quelques ressources à trouver ici https://www.la- croix.com/France/Jai-ete-esclave-Libye-2020-12-06-1201128492 ; francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/video-de-l-esclavage-en-libye-a-la-france-il-raconte-sa-vie-de-combats_4873829.html
[9] Ouessant est connue comme une île regorgeant de naufrages à cause du passage du Fromveur qui est redoutable. À cela, il faut ajouter le la météo capricieuse. D’ailleurs, le dicton « qui voit Ouessant, voit son sang » prend son sens, à cause de la brume qui mettait les navires en perdition.
[10]Définition CNTRL : Tête de roche à fleur d’eau, dangereuse pour la navigation. Écueil sur lequel se brisent les vagues ; côte, mer, eaux semées d’écueils ; écueils signalés par des phares ; îles et écueils du golfe normand.
[11]En prenant le train et en faisant une escale par Paris, le trajet jusqu’à Ouessant dure plus de 9h. Il faut pour ce calcul prendre en compte le train vers Brest, les changements et métros à Paris, la nuit à Brest ou Le Conquet (pour ma part) et 1h45 depuis Le Conquet / 2h40 de bateau depuis Brest.
[12] Se prononce pinsé, et fait référence au pense an aod (épave, tout ce qui arrive à la cote). Lorsqu’un objet de manière générale est marqué par un galet cela signifie que quelqu’un se l’est approprié et qu’il viendra le chercher.