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Ron Haselden

Royaume-Uni, 1944

Résidence sémaphore #5
Résidence de repli, en lien avec le contexte du sémaphore du Créac’h à Ouessant.

AVRIL ET NOVEMBRE 2011
Ouessant

Intitulée Ouessant Sorties, cette œuvre examine la façon dont les détails les plus infimes, voire les plus insignifiants, sous‑tendent les grands évènements et leur servent de pilier. Les détails sont également précis et exacts. L’île d’Ouessant est peut-être trop connue pour la splendeur de son paysage. Son spectaculaire panorama marin ne cesse d’attirer une foule de visiteurs souhaitant faire l’expérience de toutes les richesses de ce lieu, qu’ils imaginent aussi éloigné de leurs soucis quotidiens que de leurs vies. Les habitants de l’île constituent leur structure de soutien, tandis que leur propre mode de vie, qui dérivait autrefois de la pêche et de l’agriculture, a évolué au cours des années, à cause des pressions économiques dont leur survie dépend aujourd’hui.
L’instabilité impressionnante des conditions météorologiques, des marées, et d’autres phénomènes naturels semble plus en évidence dans le monde isolé de cette île. On y devient hyper-sensible. Cela produit un sentiment de solitude troublant.

Je me suis penché sur les menus détails de la vie de l’île qu’on ne remarque parfois même pas : l’activité à peine perceptible de la vie des végétaux tout près du sol où nous marchons et celle du monde des insectes, qui ont souvent précédés l’arrivée des humains. Continuant obstinément à s’adapter au changement afin de survivre, ces vies semblent étonnamment stables, par rapport à l’apparence de vulnérabilité que donnent les phénomènes de plus grande envergure.

Mon travail décrit une série de petites sorties entreprises avec une caméra pour étudier de près ce qui se passe sous nos pieds. Chacune de ces opérations a produit une nouvelle œuvre. Les photographies furent ensuite classées par ordre chronologique, afin de former des tours s’élevant de la page. Les résultats que j’ai fini par obtenir retraçaient mes pensées filmées par la caméra, produisant une taxonomie particulière et personnelle qui formait une curieuse architecture où s’agençaient l’espace et le lieu, l’occupation et l’habitation, ainsi que la pensée consciente et inconsciente. Je me suis rendu à Ouessant deux fois pour réaliser ce travail (mais comme j’avais déjà visité l’île une fois avec mon fils, je m’en étais déjà fait une idée dénuée de tout romantisme ou de toute idéalisation). J’y ai fait mon premier séjour au printemps, et mon second en automne. Sans être un documentaire pour autant, mon travail se penche sur la vie des plantes et des insectes de la naissance à la mort, ainsi que sur les formes et les couleurs qui y sont associées.

Les œuvres qui en découlent forment une suite d’images qui ont été exposées dans des galeries sous formes de petits tableaux encadrés. Je suis actuellement entré dans une autre phase, qui aboutira à des images grand format que je suspendrai aux murs en les juxtaposant les unes aux autres. Comme on peut le voir dans beaucoup de mes travaux, mes méthodes d’agencement et de classification suivent la logique de leurs structures et de leurs couleurs.

Ron Haselden