Raphaëlle Von Knebel
Résidence Transat #4
Résidence en solitaire de recherches et de rencontres, de l’autre côté de l’Atlantique.
Saint-Pierre et Miquelon
Résidence Transat #4
Résidence en solitaire de recherches et de rencontres, de l’autre côté de l’Atlantique.
Sur le Petit Gravier, la statuette de Marie mêle la mer aux prières.
Les croyances comme l’eau entourent l’île.
Sur l’île la météo change comme les émotions.
J’observe les nuages, leurs formes. Je lève la tête au soleil, mes yeux se plissent.
Traversée des Océans pour écouter le vent. J’enregistre la pluie, le vent, le chant des goélands.
Sous l’eau aussi : les vagues contre les rochers. La brume : est-ce que ça s’entend ?
J’ai dit à ma sœur ce matin que la brume se confondait avec la mer.
Elle me fait penser aux hauteurs de mon île, cette brume, près de la maison de ma grand-mère où j’allais petite. Le sentiment d’être à la maison, de l’autre côté de l’Océan.
Bibliothèque sonore. Le matin, j’entends les bateaux qui klaxonnent. Je sais alors qu’il y aura de la brume. Avant même d’ouvrir le rideau bleu.
La nuit tombe. Les lumières des navires qui flottent au-dessus de l’eau.
Je repense aux histoires d’esprits qu’on m’a racontés, un soir de pluie et de thé chaud.
Eric sur son voilier, avec des plumes d’oiseaux polaires, une griffe d’ours et des outils de mesures. Ses éphémérides.Des carnets qu’il a retrouvés en Russie, à des stations météos abandonnées. L’Arctique.
On écoute la radio et on entend des Russes.
Près de l’eau, a l’atelier du père Hélène, on m’explique pourquoi la brume de capelans porte un nom de poisson.
L’hommage aux ancêtres de Philipe. Uranzandi en basque qui signifie de l’autre côté.
De l’autre côté.
Les romans : Litanies de l’île aux Chiens de Françoise Enguehard, Arrisée d’André Lebailly, Maurice Caperon et ses écrits sur le cyclone du 13 septembre 1900, Galériens des brumes de René Convenant, Au temps du Pipette de Raymond Girardin, Xenia Phillipenko, Edgard Aubert de la Rue ou Roger Detcheverry.
A la maison Jézéquel, débat sur la recette des boulettes de morues.
Les tourbières que traverse Gilles, les paysages fréquentés par les renards et les cerfs de Virginie. Martine me parle des liens entre l’Atlantique et l’Océan Indien. De Madagascar à Mayotte, Andry décrit les contrastes climatiques à la télé.
Le dimanche, la cérémonie des marins et les chants, je fonds en larmes. De l’église à l’océan, Maëva porte le premier doris blanc en souvenir de son père marin.
La veille de mon départ, Soraya me raconte les souvenirs de la maison de pêcheur de son grand père.
Cette phrase me revient alors :
L’île est partout où nous sommes partis.
Raphaëlle Von Knebel